
par le secret mouvement des âmes priantes répandues par toute la terre
Carmel Déchaux Séculier de la bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel
Cette 3ème branche de l’ordre du Carmel, constituée de Laïcs (homme et femme engagés dans l’Eglise), vous accueille et vous invite à la découvrir

Au 16 ème siècle, Ste Thérèse d’Avila insuffla un élan nouveau en donnant à la vie contemplative une dimension communautaire et une mission apostolique au service de l’Eglise et à l’écoute du monde.
Aujourd’hui, les Séculiers vivent la spiritualité carmélitaine dans leur état de vie : mariage, célibat, travail, veuf, retraité, famille …en société et en communauté. Nous pratiquons :
- l’OraisonUn endroit silencieux où se vit un échange d’amitié, mystérieux et plein d’espérance avec Dieu car c’est Lui qui agit « se tenir devant Dieu pour tous »
- L’Ecoute et la méditation de la parole de Dieu en communauté et seul à la maison
- La liturgie des heures : temps de prière quotidienne alimenté par les psaumes et l’eucharistie
- Les rencontres fraternelles : lieu où nous nous retrouvons tous les mois afin de vivifier notre appartenance au carmel
Nous nous engageons : à vivre dans la dépendance de Jésus-Christ en imitant sa vie. Nous avançons graduellement vers des promesses définitives que nous prononçons à la fin d’une formation au sein de la communauté. Nous tendons à vivre selon l’esprit de chasteté, pauvreté, obéissance et celui des Béatitudes.
Nous nous appuyons sur des constitutions selon la Règle de St Albert de Jérusalem qui alimentent et résument notre vocation.
Dieu et le Christ, qui le révèle, s’imposent à la Foi comme la grande et ultime réalité. Non pas que le monde et ses innombrables tâches seraient sans consistance. Mais si le monde a un sens et une valeur, c’est précisément dans la lumière de Dieu et dans sa relation à Dieu. Dans cette lumière, Dieu est précisément saisi comme la Réalité unique et souveraine, la Source de la vie, du mouvement et de l’être.
L’Absolu de Dieu ne dévalorise pas nos tâches terrestres, nos responsabilités humaines, puisqu’il les fonde. Mais c’est avec un regard et un cœur nouveaux que tout sera vécu.
Ce sens d’un Dieu tout autre, le Carmel l’a puisé dans ses racines bibliques. Un lien particulier relie l’histoire du Carmel au prophète Elie, témoin et champion de la Sainteté de Dieu : Il est vivant le Seigneur devant qui je me tiens . La sainteté ou la transcendance de Dieu, c’est la face cachée, secrète, mystérieuse de son Etre indicible. Rien ne peut le contenir ni le mesurer.
La tradition carmélitaine garde très vif ce sens de l’impossibilité de « dire Dieu ». Il en découle une conséquence pratique pour la vie de foi et de prière. Nous sommes encombrés par toutes sortes de fausses images de Dieu, qui sont plutôt un obstacle qu’une aide pour la rencontre de la prière. Et tout progrès dans la foi et la prière implique une radicale purification de tous ces faux visages de Dieu. Purification pour laquelle saint Jean de la Croix est un guide sûr.
Mais la sainteté de Dieu ne l’éloigne pas, Lui, des pécheurs. Le Tout-Autre est aussi le Tout-Proche. Si proche qu’il vient habiter dans nos cœurs. Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure .
Cette Bonne Nouvelle – Demeurez en moi, comme je demeure en vous – le Carmel l’accueille avec empressement et joie. Sainte Thérèse d’Avila a construit l’œuvre de sa maturité (Le Livre des Demeures) sur cette certitude de la présence de Dieu au plus intime du cœur du croyant.
Vivre en présence de Dieu, voilà le cœur de la vie du Carmel. Ce n’est pas une affaire d’intelligence, ni d’imagination, ni de sensibilité, mais une affaire de foi et d’amour.
Tout baptisé peut y prétendre humblement. Loin de détourner les laïcs de leurs responsabilités terrestres, cette vie cachée en Dieu, qui fut celle de Marie, Notre-Dame du Mont Carmel, les achemine à une profondeur et une paix, une joie que le monde ne peut donner .
Présence à Dieu dans et par son Verbe, le Christ, lui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie . Le cheminement du chrétien sera donc l’union d’amour au Christ, la conformation à l’image du Fils de Dieu . Tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître , nous dit Jésus. Celui qui m’aime gardera ma Parole . Dieu nous est aussi présent par sa Parole dans l’Ecriture. Celle-ci est la nourriture première de l’oraison. La découvrir, la méditer est un souci quotidien et les saints du Carmel nous aident à cette méditation. Ainsi sainte Thérèse d’Avila, dans le Chemin de la Perfection fait, entre autres, un long commentaire du Pater. Ainsi saint Jean de la Croix illustre en ses écrits ce passage de l’Epître aux Hébreux : Vivante est la Parole de Dieu, énergique et plus tranchante qu’aucun glaive à double tranchant. Elle pénètre jusqu’à diviser âme et esprit, articulations et moelles. Elle passe au crible les mouvements et les pensées du cœur ; tout est à nu à ses yeux, tout est subjugué par son regard. C’est à elle que nous devons rendre compte . Ainsi sainte Thérèse de Lisieux disait à la fin de sa vie : C’est par-dessus tout l’Evangile qui m’entretient pendant mes oraisons ; là je puise tout ce qui est nécessaire à ma pauvre petite âme .
Présence de Dieu par son Esprit Saint que le Père envoie pour nous enseigner toutes choses et nous faire ressouvenir de tout ce que Jésus nous a dit . Présence en nous de l’Esprit Saint qui ne dort ni ne sommeille , et qui sans cesse prie en nous avec des gémissements ineffables .
C’est pourquoi le « précepte central » de la Règle du Carmel, repris dans les Constitutions de l’Ordre des Carmes Déchaux Séculier, est : Méditez jour et nuit la loi du Seigneur, veillant dans la prière . Ce précepte de la prière continue semblerait impossible à mettre en pratique littéralement, si l’on oubliait que c’est la multitude des croyants qui le réalise. Chacun y a son rôle indispensable, irremplaçable.
Dieu, en effet, nous est présent dans les autres, par les autres, avec les autres. Le Christ n’est pas seulement présent en ses apôtres et par eux dans leurs disciples. Je ne prie pas seulement pour eux, je prie aussi pour tous ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi… afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi en eux . Jésus est présent aussi dans le plus petit de ses frères .
Parce que le Christ est présent là où deux ou trois sont assemblés en son nom , on ne se contente pas au Carmel de la prière communautaire vocale, on fait oraison ensemble. Et même, cet « ermite » qu’est souvent le laïc carmélitain, dans la solitude où il fait oraison, sait qu’il n’est jamais seul à prier. Car il est toujours précieux de donner pour base à notre oraison la prière qui est sortie d’une bouche telle que celle de Notre Seigneur . Or il nous a appris à dire NOTRE PÈRE.
Peut-on parler de la pauvreté comme d’une vertu dans un monde et un temps où l’une des premières tâches qui s’imposent est de lutter contre toute forme de pauvreté ? Cette pauvreté engendre, trop souvent, le délabrement psychique et la misère morale, car un minimum de bien-être est nécessaire à la vertu, comme l’a si bien dit saint Thomas d’Aquin.
Les laïcs du Carmel ne font pas vœu de pauvreté, car les Communautés Carmélitaines séculières sont ouvertes à tout chrétien sans distinction. Or les situations familiales, sociales, professionnelles peuvent exiger une certaine aisance. Et le devoir de solidarité ne semble pouvoir s’exercer que si l’on a quelque bien à partager. Il n’en reste pas moins qu’il est recommandé à ces laïcs une attention particulière à la « béatitude de pauvreté ».
Le Père n'a dit qu'une parole : ce fut son Fils. Et dans un silence éternel il la dit toujours : l'âme doit l'écouter en silence[1].
Un des textes bibliques fondamentaux dans la spiritualité du Carmel est celui où le Seigneur parle au prophète Elie et le charge de mission, non dans le fracas du tonnerre et des bourrasques, mais dans le souffle d'une brise légère[2]. Le recueillement intérieur est l'un des premiers objectifs à atteindre et ce recueillement intérieur demande, au départ, un certain silence extérieur.

Le silence extérieur
est favorisé par la nuit et la solitude. Jésus nous en a donné l'exemple à maintes reprises. Il gravit la montagne à l'écart pour prier[3]. Il passait toute la nuit à prier Dieu[4]. Et il nous dit : Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre et prie le Père qui est là, dans le secret[5].
Un de nos premiers soins est de trouver dans notre vie des temps de silence, qui d'abord ne seront peut-être que de cinq ou dix minutes ; mais à mesure de notre persévérance, ils atteindront au moins une demi-heure d'affilée de prière silencieuse. Une éducation de nous-même est à faire. Or toute éducation est une progression : nous acceptons humblement d'avancer pas à pas.
Ce silence extérieur, on doit s'y habituer en supprimant les paroles superflues (elles sont pour nous occasion de tant de fautes) ; en nous privant d'une écoute ininterrompue de la radio ; en évitant les distractions qui nous éloignent de Dieu, etc… Ce silence extérieur, on peut le trouver chez soi ; on peut aller le chercher à l'église ou dans la nature… Mais à lui seul, il serait peu efficace s'il ne s'accompagnait, petit à petit, du silence intérieur.
Le silence intérieur
ne nous est pas naturel. Nous avons d'autant plus de mal à nous concentrer, à intérioriser notre piété, à nous absorber dans la pensée du Dieu-Amour, que la vie actuelle est pleine de bruits qui semblent faits pour entraver la vie intérieure. Or la vie contemplative, la vie d'oraison n'est pas autre chose que le souvenir habituel de Dieu[6].
Tout l'enseignement de saint Jean de la Croix nous aide, au long des années, à acquérir un certain silence intérieur. « Un certain » silence et non le silence absolu. Car, de même qu'il y a toujours du bruit à l'intérieur comme à l'extérieur de notre corps tant qu'il y a de la vie (la nôtre et celle des autres), de même nous ne pourrons jamais empêcher des pensées de naître en nous, des images de se former dans notre esprit malgré nous. Mais nous apprenons à les maîtriser pour en faire une prière, les écarter si elles nous éloignent de Dieu afin qu'elles deviennent un moyen de purification pour pouvoir écouter la parole que Dieu veut nous dire.
La parole
d'une part, le Christ nous dit de redevenir semblables à de petits enfants[7] ; d'autre part, saint Paul nous parle de la nécessité de laisser le langage de l'enfant pour celui de l'adulte[8]. Il n'y pas contradiction, mais complémentarité. Le langage est le premier moyen de communication entre les êtres humains. L'éducation de l'enfant sert, entre autres, à lui donner la maîtrise de la langue. Mais le tout petit enfant (littéralement celui qui ne parle pas), s'il ne peut saisir le sens des mots, n'en est que plus sensible à ce que ces mots transmettent à son affectivité et il n'a pas besoin d'un langage articulé pour connaître l'amour de ses parents. C'est pourquoi la prière silencieuse nous remet d'abord entre les bras de Dieu, comme de petits enfants confiants. Sainte Thérèse de Lisieux nous aide à retrouver cet abandon sans réserve de nous-mêmes à Celui qui nous a créés et sauvés par pur amour.

En même temps et inséparablement, puisque Dieu a fait de nous des créatures qui évoluent, nous avons à parfaire le langage de notre prière pour qu'il devienne davantage une parole d'amour ; nous devons surtout affiner notre capacité d'écoute et améliorer notre compréhension du langage de Dieu, par l'étude de sa Parole dans l'Ecriture, comme à travers la charité fraternelle puisque Jésus s'identifie au plus petit de ses frères[9]. Notre parole, qui est partage, va aussi porter témoignage de notre réponse à l'appel plein de tendresse reçu de Dieu.
Je m'engage
Toute parole engage déjà celui qui la profère et c'est par des paroles que l'on prend un engagement. L'Eglise demande au baptisé de promettre, en adulte, fidélité au Christ. C'est en Eglise que le Seigneur demande, à celui qu'il attire vers le Carmel, de s'engager par une promesse particulière. N'ayez pas peur ! n'a cessé de nous redire Jean-Paul II, qui a si bien écrit sur la Miséricorde divine. Or la peur d'engager est un mal pernicieux qu'il faut combattre. Cette peur exprime souvent une fausse humilité (je ne suis pas digne… je ne suis pas capable) qui est finalement un manque de foi, d'espérance et de charité. Nous oublions que Dieu est un Père tout-puissant et miséricordieux ; que Jésus nous dit : Gardez courage. J'ai vaincu le monde[10] ; enfin que son Esprit intercède pour nous avec des gémissements ineffables[11].
L’Ordre des Carmes Déchaux Séculier se propose d’être une communauté et entend pour cela imiter l’Eglise primitive qui n’avait qu’un seul cœur et qu’une âme[1]. Il achemine ses membres vers une communion fraternelle avec tous les autres membres du Carmel.
A l’origine de l’Ordre du Carmel, se trouvait un groupe d’ermites qui exprima le désir d’une certaine vie communautaire. C’est ainsi que fut établie la Règle Primitive de l’Ordre des Frères de la Bienheureuse Marie du Mont Carmel, règle toujours en vigueur. Elle a inspiré les Constitutions de l’Ordre Séculier.
En effet, chacun des laïcs qui choisit ces Constitutions, en réponse à l’appel personnel que le Seigneur lui adresse, vit plus ou moins sa vie de chrétien carmélitain en « ermite ». Cela est vrai aussi pour le couples engagés dans l’OCDS : dans le quotidien, ils ne peuvent pas forcément consacrer les mêmes moments à l’oraison.
Mais la vocation du laïc du Carmel comporte, comme pour les religieux, une dimension communautaire qui se traduit pratiquement par le souci de chacun pour la Communauté séculière où il a fait son entrée et par la participation à la réunion mensuelle de celle-ci.
La réunion mensuelle de Communauté varie en durée, selon les possibilités de chaque groupe. Elle peut être d’une journée entière, exceptionnellement d’un week-end tous les deux mois, ou de quelques heures. Cette réunion mensuelle comporte nécessairement les temps suivants :
« Il me semble que Dieu m’appelle à faire partie d’une Communauté Carmélitaine. Je suis attiré(e) par la spiritualité du Carmel… » Les formules varient, mais la question reste la même : comment entre-t-on dans une Communauté Carmélitaine séculière ?
Le point de départ essentiel, il faut le souligner, est l’appel du Seigneur. Certes la vocation à la sainteté[1] est le fait de tout baptisé et dure autant que notre vie ici-bas. Mais les voies obscures de la foi, qui doivent nous mener un jour à la claire vision[2] de la gloire de Dieu, sont multiples. Notre cheminement dans la voie du Carmel est la réponse à l’appel particulier qui nous est adressé.
Or le Carmel lui-même répond à la parole du Seigneur : Etroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la vie[3]. Si saint Jean de la Croix nous guide par un sentier à pic, sainte Thérèse d’Avila nous rappelle d’abord que le chemin de perfection n’est autre que le Christ lui-même qui dit : Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie[4]. Ô Seigneur, tout notre mal vient de ce que nous n’avons pas le regard fixé sur vous… le chemin véritable[5].
1ère étape :
Les premiers pas du cheminement commencent par des entretiens avec le (la) Président(e) de la Communauté et le (la) Responsable de Formation, et par une entrevue avec l’Assistant religieux. Ensuite vient un temps de contact avec la Communauté, au cours de réunions mensuelles, permettant ainsi une progression dans la relation au groupe. Ce cheminement montre si la voie du Carmel est bien celle qui correspond à l’appel ressenti, ou non. La durée de cette étape est variable : dans tous les cas, elle demande plusieurs mois.
C’est le Conseil de Communauté qui décide alors de l’admission à la formation en vue d’une première Promesse. Cette décision est prise en fonction des critères suivants :
– la capacité à assumer les exigences de la vie en communauté,
– une certaine maturité psychique et affective,
– un esprit d’accueil à la vie ecclésiale,
– un désir d’insérer l’Evangile dans la vie quotidienne,
-l ’aptitude à recevoir la formation.
2ème étape :
Le cheminement continue par au moins deux années de formation. Celle-ci se fait avec l’aide du (ou de la) Responsable de formation, sous la responsabilité du Conseil de Communauté. Des réunions strictement de formation et des entretiens personnels s’ajoutent à la participation aux réunions habituelles de la Communauté. L’objectif primordial de la formation dans l’OCDS est de préparer la personne à suivre le Christ, au service de la mission, conformément au charisme et à la spiritualité du Carmel[6].
3ème étape :
La première Promesse est temporaire ; elle est faite pour trois ans. Ces trois années sont nécessaires pour continuer la formation, la vie pratique de chacun ne permettant pas des rencontres fréquentes ; nécessaires pour mettre à l’épreuve la personne et sa progression ; nécessaires aussi pour laisser à chacun la liberté de se retirer si l’on ne se sent pas véritablement appelé, ou si les circonstances de la vie ne permettent pas d’assumer les exigences des Constitutions. Ces exigences sont de trois ordres :
Dans notre vie personnelle : un effort incessant pour vivre le charisme du Carmel, c’est-à-dire la foi absolue en l’amour de Dieu, la pratique de l’oraison contemplative et l’ascèse de détachement qui en découle.
Dans notre vie familiale et sociale : la générosité de la charité fraternelle, le désir de vivre une vraie fraternité dans notre Communauté carmélitaine, la volonté de mettre en accord notre prière et nos œuvres dans l’esprit des Béatitudes évangéliques.
Dans notre vie ecclésiale : un esprit d’accueil, une soumission consciente aux enseignements de l’Eglise, une volonté fidèle de collaborer et d’être disponible à l’apostolat des laïcs dans l’Ordre du Carmel.
D’étape en étape : Au bout de ces trois années, la Promesse définitive nous engage pour toute la vie dans l’OCDS, selon la formule suivante : Moi N…, conduit à la suite du Christ mort et ressuscité, par la grâce de l’Esprit Saint et en réponse à l’appel de Dieu, je promets sincèrement aux Supérieurs de l’Ordre du Carmel Thérésien – et à vous mes frères – de tendre à la perfection évangélique dans l’esprit des conseils évangéliques de chasteté, de pauvreté et d’obéissance et des Béatitudes, selon les Constitutions de l’Ordre des Carmes Déchaux Séculier, pour toute la vie. Je confie filialement ma promesse à la Vierge Marie, Reine et Mère du Carmel.
Cet engagement, indéfiniment renouvelé, nous donne, par la foi en l’amour du Père, la force de toujours repartir. Il nous attache plus solidement, par l’espérance, au Christ qui est le Chemin nous menant à la Vie en plénitude au sein de la Trinité.
[1] Lumen Gentium, ch. 5
[2] 2 Corinthiens 5, 7
[3] Matthieu 7, 14
[4] Jean 14, 6
[5] Sainte Thérèse d’Avila, Autobiographie ch. 18
[6] Constitutions VI, 32
Lors de l’audience du 6 mai 1985 à Rome, quand Jean-Paul II recevait les participants du 86ème Chapitre Général des Carmes Déchaux, il leur adressa cette exhortation : « Sentez-vous aujourd’hui plus que jamais, avec votre charisme propre, au service de l’Eglise entière et du monde qui cherche Dieu… Ne l’oubliez jamais. Un charisme approuvé par l’Eglise, comme l’est le vôtre, est toujours un bien pour l’Eglise ».
L’Eglise est le Corps du Christ, dont il est la Tête[1]. Le Carmel est un des membres de ce Corps Mystique. Et les Communautés Séculières en sont de modestes cellules, dans la fidélité à l’exemple et à l’enseignement de tous les Saints du Carmel.
C’est au Patriarche de l’Eglise latine de Jérusalem, saint Albert, que les ermites du Mont Carmel demandèrent, au début du XIIIème siècle, de leur donner une règle de vie communautaire. En 1562, sainte Thérèse d’Avila établit la Réforme de l’Ordre, sous l’inspiration du Seigneur, pour le salut des âmes et l’augmentation de l’Eglise[2]. Elle a toujours été soumise à tous les enseignements de la Sainte Foi catholique[3]. Et sur le point de mourir, elle s’écria : Enfin, je suis fille de l’Eglise.Saint Jean de la Croix fut tout autant un fils soumis de l’Eglise. Il écrit qu’on ne peut désirer mieux que de marcher par le chemin uni de la Loi de Dieu et de l’Eglise et de vivre seulement en vraie et obscure foi, en espérance certaine et en charité entière[4].
Plus près de nous, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus de la Sainte-Face, cherchant à connaître sa vocation propre au sein de l’Eglise, a compris que celle-ci, Corps du Christ, avait un cœur brûlant d’amour. Et elle conclut : Dans le Cœur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’Amour[5]. L’Eglise est dans le Christ comme un sacrement ou, si l’on veut, un signe et un moyen d’opérer l’union intime avec Dieu et l’unité de tout le genre humain[6]. Le Carmel est une communauté d’Eglise et l’on ne peut en faire partie que si l’on est engagé dans une communauté religieuse ou dans une communauté séculière.
[1] cf. Ephésiens 1, 22 et Colossiens 1, 18
[2] Sainte Thérèse d’Avila, Le Livre des Fondations, ch. 1
[3] Sainte Thérèse d’Avila, Relation de 1576
[4] Saint Jean de la Croix, Lettre du 12 octobre 1589
[5] Sainte Thérèse de Lisieux, Manuscrit B 3v°
[6] Lumen Gentium 1
Si la spiritualité carmélitaine est « contemplative », l’élan apostolique – le souci du Règne de Dieu et du salut des hommes – ne lui fait pas défaut. Et ce lien manifeste le fait que l’union profonde au Seigneur nourrit un zèle pour l’Eglise. Le Carmel, sur ce point, doit beaucoup à sainte Thérèse d’Avila. Plusieurs faits marquants dans sa vie ont éveillé et développé en elle le désir de travailler au salut de ses frères : une vision de l’enfer qu’elle narre dans son Autobiographie[1], la nouvelle des ravages que faisaient les Luthériens[2], les récits des missionnaires revenant des Indes[3]… Dans le silence et l’oraison, le cœur de sainte Thérèse s’est agrandi aux dimensions de l’Eglise universelle. Elle désire infuser à sa Réforme la compassion et le souci des âmes qui l’étreignent :
Je ne puis voir tant d’âmes se perdre sans que mon cœur ne soit brisé de douleur… Ô mes sœurs en Jésus Christ, aidez-moi à adresser cette supplique au Seigneur. C’est pour cette œuvre qu’il vous a réunies ici ; c’est là votre vocation ; ce sont là vos affaires ; tel doit être l’objet de vos désirs, le sujet de vos larmes, le but de votre prière[4].
Cette ferveur apostolique a trouvé un écho profond dans le cœur de l’autre Thérèse, celle de Lisieux. C’est en 1927 que Thérèse de l’Enfant-Jésus fut nommée par Pie XI « Patronne des Missions », geste hautement significatif de la valeur apostolique de l’amour et de la sainteté cachés. Une grande lumière s’en trouve projetée sur ce qu’est essentiellement l’apostolat. Et ce lien entre l’amour contemplatif et l’apostolat est caractéristique du Carmel.
L’apostolat n’est pas une grande entreprise humaine comme pourrait l’être l’effort d’une propagande partisane. Certes les talents humains, les moyens humains sont loin d’être négligeables : « Dieu a besoin des hommes ». Mais l’apostolat dans sa nature la plus profonde sera toujours la participation à l’œuvre de salut du Christ. Lui seul fait croître[5]. Le Christ étant le seul vrai Sauveur, plus l’apôtre lui sera uni, plus il deviendra instrument docile et efficace, laissant rayonner la puissance de Dieu[6].
Cela ne signifie pas évidemment qu’il faudrait avoir déjà réalisé la perfection de l’union au Christ pour se donner au travail apostolique direct. Il faut seulement ne jamais oublier que la fécondité de l’apostolat dépend davantage de l’intensité de la vie théologale de l’apôtre que de ses talents et de ses capacités naturelles. Cette fécondité, en effet, ne se mesure pas ; elle demeure, d’une certaine façon, le secret de Dieu. Si l’apôtre peut constater parfois le résultat de son action caritative, c’est dans la nuit de la foi et dans l’espérance qu’il travaille à la venue du Règne de Dieu.
Comme telle, la spiritualité du Carmel ne préconise aucun apostolat particulier, ni ne privilégie aucun service. De nombreux membres de l’OCDS sont au service de la catéchèse de leur paroisse ; ils animent des groupes de prière ; ils participent au Mouvement des Chrétiens Retraités ; ils visitent malades et prisonniers ; ils acceptent des responsabilités municipales ou associatives ; ils apportent une aide au service d’accueil de certains Carmels, etc. Mais il faut souligner ici l’importance donnée par les Constitutions à l’apostolat communautaire[1].
Un chrétien qui s’abreuve aux sources du Carmel sait qu’il ne rencontrera Dieu dans les autres que s’il apprend à Le rencontrer au plus profond de soi par le regard de la foi, l’attention amoureuse et silencieuse de l’oraison. Si son état de santé lui interdit tout apostolat extérieur, il n’en demeure pas moins un apôtre privilégié par la prière, à l’exemple de sainte Thérèse de Lisieux et en union avec tout l’Ordre du Carmel, dans la communion des saints.
[1] Constitutions IV, 25-28
[1] Sainte Thérèse d’Avila, Autobiographie, ch. 32
[2] Sainte Thérèse d’Avila, Le Chemin de la Perfection, ch. 1
[3] Sainte Thérèse d’Avila, Le Livre des Fondations, ch.1
[4] Ibid.
[5] 1 Corinthiens 3, 6
[6] 1 Corinthiens 2, 5
Témoignages
Localisation

Bagdad jumelée avec la communauté Saint Jean de la Croix (Paris 7)
Erbil, jumelée avec la communauté Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus (Lisieux).
